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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 09:39

« Où est l’argent pour les droits des femmes ? » C’est le titre d’un rapport qui doit être présenté ce jeudi. Il souligne la piètre contribution de l’Etat français à la cause, tant au niveau national qu’international. Et recommande d’augmenter sérieusement ces budgets.

Mais pour défendre les droits des femmes, il faudrait aussi cesser de financer des activités qui alimentent le sexisme.

Comment sont financés les films recalés au test de Bechdel qui entretiennent la culture de la domination masculine ? ( Voir : Cinéma : mieux vaut être un homme pour faire financer son film). Même question pour les séries, les jeux vidéos, le théâtre, les expos de peintres hommes et tout ce que les artistes peuvent produire. Combien d’argent public pour ces œuvres disant en creux qu’un grand auteur est forcément un homme et diffusant des clichés sexistes ?

Combien d’argent public est affecté par les municipalités à des clubs sportifs ne comptant quasiment que des licenciés hommes ? Combien de garçons, combien de filles dans les skateparks financés par les villes ? L’espace public est beaucoup plus occupé par les hommes que par les femmes, les femmes s’y sentent moins en sécurité... il serait temps de regarder si la distribution des deniers publics n’y serait pas pour quelque chose. (Voir aussi notre colloque "le sexe de la ville")

Comment sont financés les livres scolaires qui diffusent leur dose de clichés sexistes ?

Quid des syndicats qui se soucient comme d’une guigne d’égalité professionnelle et discutent avec vigueur les règles sur la pénibilité du travail seulement quand ce travail est masculin ? Quid des aides diverses aux entreprises, qui atterrissent très peu dans des poches d’entrepreneures ? (Voir aussi notre colloque "le sexe de l'économie")

Et les médias d’information… Depuis plus de 20 ans, les études du GMMP montrent avec une constance déconcertante qu’ils entretiennent et renforcent les stéréotypes de sexe. Ces médias sont partiellement financés par des deniers publics sans que des critères d’égalité des sexes ne viennent conditionner ces aides. Même le quotidien sportif L’Equipe dont la surface éditoriale parle d’hommes à plus de 90 % reçoit ces aides sans difficulté.

Et surtout, ces médias distribuent le pouvoir de la parole, celui qui permet de hiérarchiser les priorités politiques. Pourquoi lutter contre les violences faites aux femmes si ces violences sont le plus souvent présentées comme du dépit amoureux ou un acte sexuel que la victime a bien cherché ? Pourquoi vouloir davantage de femmes au pouvoir si ceux qui prennent la parole laissent penser qu’il n’y a aucun problème de ce côté-là ? La liberté d’expression a un coût et celles et ceux qui donnent à voir les inégalités entre hommes et femmes n’ont pas les moyens de cette liberté.

Voilà deux ans, un rapport du Haut conseil à l’égalité préconisait l’éga-conditionnalité dans l’attribution des fonds publics. Pas de bras, pas de chocolat ; pas de parité, pas de fonds publics. Il aurait fallu développer et amplifier une première mesure inscrite dans la loi du 4 août 2014 : les communes de plus de 20 000 habitants doivent réaliser des rapports annuels d’égalité femmes-hommes préalables à des mesures de rééquilibrage. A ce jour 70% des communes concernées n’auraient pas ébauché le début du commencement de ces rapports….

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Danièle Soubeyrand-Géry - dans Femmes