Boucles d'oreilles et costard-cravate, des hommes politiques belges brouillent les codes pour porter les revendications d'associations en faveur de la parité. Images choc pour débat de fond.
Autant de femmes que d'hommes dans le futur gouvernement belge ? C'est la demande de mouvements pour les droits des femmes, soutenue par des hommes politiques belges de tous bords. Herman De Croo, Mark Eyskens, Willy Claes, Philippe Busquin et José Daras ont accepté de poser sous l’objectif des photographes1 pour une série d'affiches qui jouent avec les codes.
Ces visuels sont l'un des éléments d'une campagne pour la parité en politique lancée par Amazone2, structure de soutien aux mouvements de femmes en Belgique, à l'approche des élections législatives fédérales, qui se tiennent le même jour que les européennes, dimanche 25 mai. Et 76 politiciens et politiciennes belges – élu-e-s, ministres, président-e-s de partis - ont signé le manifeste « Votez femmes ! ».
En attendant la « tirette »
Principale revendication : que le futur gouvernement belge compte « 50 % de femmes ministres et 50 % de femmes aux fonctions clés dans les cabinets ministériels ».
Car, souligne le manifeste, « la situation actuelle est loin d’être satisfaisante : 5 ministres femmes au fédéral pour 8 hommes, 2 femmes cheffes de cabinet pour 12 hommes, 1 femme secrétaire d’Etat pour 5 hommes et seulement 38,5% de femmes au Parlement fédéral. » Et les femmes parlementaires ne devraient pas être plus nombreuses à l'issue du scrutin législatif du 25 mai. Cette année, 39 % des candidates se trouvent à des places éligibles. Cela représente même « une légère diminution par rapport aux fédérales de 2010 où 41 % des places éligibles étaient occupées par des femmes », remarque le quotidien Le Soir.
La loi prévoit certes une alternance homme/femme aux deux premières places sur les listes. Où, pour ces élections fédérales, les deux tiers des numéro 1 sont des hommes. Et ensuite un nombre égal de candidats des deux sexes, mais pas de stricte alternance entre hommes et femmes. Dès lors, elles se trouvent souvent reléguées en fin de liste. La stricte alternance – la « tirette » - sera de mise pour les élections locales en 2018. Mais pour les autres scrutins, cela reste à discuter.
Plaidoyer pour un ministère des Droits des femmes
Le manifeste plaide également pour « une politique forte en matière d’égalité des femmes et des hommes et le renforcement des droits des femmes ». La question de la création d'un ministère des Droits des femmes de plein exercice fait d'ailleurs débat dans la campagne.
Cette demande est portée depuis le début de l'année par des associations de femmes. Et elles en détaillent les attributions dans une note envoyée le 21 mai aux président-e-s des partis francophones. Parité au gouvernement et ministère des Droits des femmes ? La Belgique ferait ainsi le même pas que la France en 2012. Mais sur le second point les partis se montrent plutôt réticents.
1/ Lieve Blancquaert et Peggy O.
2/ Ainsi que le Conseil des Femmes Francophones de Belgique, l'Institut pour l'égalité entre les femmes et les hommes et Vrouwenraad