nShe7
La parité femmes/hommes dans l'enseignement supérieur est encore loin d'être une évidence. Najat Vallaud-Belkacem l'a rappelé au congrès de l'UNEF. Au moment où la Conférence des présidents d'université conteste une règle de parité.
« L’enseignement supérieur ne peut rester en retrait des évolutions de la société en matière d’égalité femmes - hommes ». C'est l'un des points soulevés par la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, dans le discours qu'elle a tenu jeudi 9 avril devant le congrès du syndicat étudiant UNEF .
« Avec la loi du 22 juillet 2013, nous avons passé un premier cap pour que les femmes et les hommes participent ensemble à la gouvernance de nos établissements d’enseignement supérieur », a estimé la ministre, en avertissant aussitôt : « Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce qu’avec seulement 6,5 % de femmes dirigeantes dans le supérieur, soit moitié moins que dans les autres pays de l'Union européenne, la France soit en fin de classement en matière d’accès des femmes aux responsabilités. » Et de conclure : « D’autres étapes sont à franchir. Vous pouvez compter sur moi pour nous y conduire ».
Règle de parité contestée
Mais l'actualité montre que les réticences subsistent. Comme le fait remarquer Le Monde, la Conférence des présidents d'université (CPU) a saisi le Conseil d'Etat pour contester une règle de parité inscrite dans la loi du 22 juillet 2013. L'affaire a été renvoyée au Conseil constitutionnel, qui l'a examinée mercredi 8 avril (voir la vidéo). Et doit rendre sa décision avant la fin du mois.
La loi fait entrer dans chaque université une mission "égalité entre les hommes et les femmes". Elle établit que pour les listes candidates à l'élection des conseils d’administration et des conseils académiques - les instances de gouvernance des établissements universitaires - respectent la parité (Voir : Parité : au tour de l'enseignement supérieur). Et ajoute une règle pour la composition du conseil académique quand il siège en conseil restreint - il s'agit alors de l'organe compétent pour l'examen des questions individuelles relatives au recrutement, à l'affectation et à la carrière des enseignants-chercheurs (autres que les professeurs d'université). Ce conseil restreint doit alors être composé à parité d'hommes et de femmes, dans des conditions précisées par décret.
« Pas un absolu à atteindre à n'importe quel prix »
C'est cette règle précise que dénonce la CPU, car elle implique un « tri » parmi des représentants déjà élus, dont les conditions auraient dû être précisées par la loi. La CPU se défend de vouloir s'en prendre à l'objectif de parité. Elle assure défendre l'égal accès des hommes et des femmes aux responsabilités. Mais cet objectif « n'est pas un absolu à atteindre à n'importe quel prix », a plaidé son avocat. En face, l'avocat de la défense a eu beau jeu de souligner la composition de la CPU : un trio masculin pour la diriger, et seulement 2 femmes dans son bureau de 17 membres. « Signe que les hautes instances du monde universitaire ont décidément du mal à se féminiser », notions nous alors (Voir : L'université reste une affaire d'hommes).
Seulement 6,5 % de directrices dans les établissements d’enseignement supérieur, la pire moyenne européenne : ce chiffre cité par Najat vallaud-Belkacem est issu d'une étude de la Commission européenne publiée en avril 2013. Prochain bilan dans un an. (Voir : "Plus on monte l'échelle académique, moins on trouve de femmes"). Le plafond de verre est solide : en Europe, les femmes représentent 33 % de la communauté des chercheurs, une proportion en légère hausse régulière. Mais elles ne sont que 20 % des professeurs titulaires de chaire, le poste d'enseignement le plus élevé. En France, la CPU elle-même notait en 2012 que « la plupart des présidents sont des professeurs d'université. Or parmi ces professeurs, on ne compte actuellement que 20% de femmes, pour 40% chez les maîtres de conférences »