«Echange petits travaux contre câlins coquins. » « Prof de maths en lycée, 45 ans, donne cours tous niveaux à jolie
jeune fille de 18 ans et plus, contre tendresse. » Dans la lignée des sites d’échanges de service, que le contexte de crise économique favorise, de curieuses propositions fleurissent sur la
Toile. Désormais, on ne propose plus seulement une heure de cours d’espagnol contre une heure de plomberie. Dans les catégories « autres » de ces portails, des hommes se disent prêts à offrir un
coup de main bricoleur contre des « caresses » ou des « câlins ». Difficile à quantifier, ce nouveau phénomène de troc sexuel semble essentiellement mettre en scène des hommes en quête
d’aventures. Sans que l’on puisse mesurer le véritable succès de leurs annonces. Il inquiète néanmoins les spécialistes de la prostitution. « Il y a une banalisation de ces pratiques », déplore
Laurent Mélito, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, qui travaille sur les nouvelles formes de marchandisation des corps. Liées à la souffrance adolescente, à la crise du
logement ou à la paupérisation croissante des étudiants, diverses formes de « troc sexuel » ont été révélées ces dernières années.
Des phénomènes marginaux, cachés, qui s’apparentent à une « prostitution invisible » et ne sont pas, par
nature,
quantifiables. Educateurs et psychologues parlent prudemment de « comportements préprostitutionnels ». En 2004, pour
la première fois, une enquête réalisée sous l’égide du ministère des Affaires sociales dans les Hauts-de-Seine s’inquiète du phénomène. Un quart des jeunes interrogés disent connaître dans leur
entourage des pairs concernés. « Argent, drogue et cadeaux » apparaissent, dans l’ordre, comme les principales contreparties de rapports sexuels. « Jeune étudiante (escort occasionnelle)
recherche location… » proposait une étudiante en stylisme de 19 ans pour financer ses quatre ans d’école privée et son hébergement via des annonces déguisées sur Internet. La dénonciation par les
syndicats étudiants d’un risque d’augmentation de pratiques de prostitution dans ces milieux est liée au cri d’alarme de l’Observatoire de la vie étudiante sur la précarité : selon l’OVE, 45000
étudiants vivent aujourd’hui une situation de très grande pauvreté et 225000 peinent à financer leurs études. es propositions de location ou de colocation d’appartements contre sexe se nichent
dans des journaux d’annonces ou des sites Internet. « Arrangement possible avec propriétaire » ou « chambre gratuite 10 m2 contre services » ou « échange de bons procédés », y lit-on. « L’absence
d’indication du montant du loyer ou la mention d’un arrangement possible peuvent servir d’indice pour les débusquer », souligne-t-on à la Fondations Scelles, une association de prévention contre
la prostitution.
Le Parisien » novembre 2010 manité » 06 novembre 2010 Femme > Travail > France