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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 00:08

Le nickel est une manne pour l'économie mais aussi un facteur de destruction d'un biotope d'une exceptionnelle richesse. Les efforts se multiplient pour en atténuer les stigmates.

Nouvelle-calédonie : les cicatrices du nickel

Exploité à ciel ouvert depuis sa découverte en 1864, le nickel a laissé des cicatrices profondes dans le paysage calédonien. Jusqu'au début des années 1970, les méthodes d'extraction étaient simples : pour accéder au minerai, les couches végétales étaient décapées au bulldozer et poussées sur les flancs des vallées. Emportées par les eaux de ruissellement, les crêtes ainsi scalpées ont engorgé les rivières, se sont déversées dans les embouchures et, pour les particules les plus fines, dans le lagon.

Au lendemain du boom du nickel (1969-1972), la Nouvelle-Calédonie se réveille avec la gueule de bois et réalise l'ampleur du désastre. Il faut attendre le début des années 1990 pour que soient entreprises les premières actions sérieuses en matière d'environnement. La Société Le Nickel (SLN) alors principal opérateur minier et seul métallurgiste du territoire depuis plus d'un siècle, s'associe à l'ORSTOM pour étudier la flore, à 80 % endémique, du maquis minier. Et ce n'est qu'en 2000 qu'elle décide de stocker les stériles dans des fosses idoines. Il devenait urgent d'agir car, depuis le début de l'exploitation minière, quelque 630 millions de tonnes de stériles ont été déversées à flanc de montagne. Au fil des ans, la baisse de la teneur du minerai, qu'il faut aller chercher toujours plus bas, et les nouvelles techniques d'extraction ont accéléré le mouvement.

Au tournant du millénaire, l'arrivée du brésilien Vale et de l'anglo-suisse Xstrata, engagés dans la construction de gigantesques usines métallurgiques dans des sites vierges, créée une saine émulation et incite les autorités locales à élaborer une législation digne de ce nom. Inscrit dans la loi organique de mars 1999, le schéma de valorisation des ressources minières voit le jour en 2008 après moultes tergiversations, suivi quelques mois plus tard d'un Code minier qui instaure la notion de compensation en biodiversité. « Il ne s'agit pas d'un droit à polluer, mais d'un droit supplémentaire à l'exemple de ce qui se fait aujourd'hui dans le monde », précise Daniel Marini, le directeur des mines de la SLN. Dans ce cadre, la filiale d'Eramet a ainsi créé cinq parcs de protection de la biodiversité recouvrant 850 hectares, mais pour les mines dites « orphelines », exploitées avant 1975, il est trop tard. Elles sont dégradées à vie ! Amère, Martine Cornaille, la présidente d'Ensemble pour la planète (EPLP), note que « la moitié des sites dégradés devront être revégétalisés aux frais de la collectivité, car ils n'ont plus de propriétaires ».

L'environnement pris en compte

Dans le sud de la Grande Terre, le brésilien Vale a pris les devants. En 1996, bien avant le début des travaux de construction de son usine hydrométallurgique, il a créé une pépinière pouvant produire, chaque année, jusqu'à 500.000 plants. Aujourd'hui, il revégétalise une vingtaine d'hectares par an et valorise le patrimoine génétique d'environ 400 espèces florales. En province Nord, Koniambo Nickel a constitué un réseau d'une cinquantaine de personnes. Tout un secteur professionnel a ainsi été mis en place permettant aux communautés kanaks de mener des activités économiques en accord avec leur mode de vie traditionnel.

Le coût de cette politique écologique n'est pas négligeable puisqu'il faut compter environ 45.000 euros par hectare replanté pour des résultats visibles tardivement. En effet, tout pousse lentement dans le maquis minier et il faut au minimum une vingtaine d'années pour voir resurgir des arbustes sur des sols toujours riches en manganèse, cobalt et chrome après l'extraction du nickel. Chaque année, la SLN investit ainsi quelque 83 millions d'euros pour l'entretien des sites inactifs ou en exploitation. Surtout il n'est désormais « plus possible de mettre en place des projets miniers sans tenir compte de l'environnement. Plus aucune banque ne prête de l'argent s'ils ne sont pas impeccables au niveau environnemental et social », souligne Daniel Marini.

CORRESPONDANTE À NOUMÉA
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