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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 22:39

      

Merci à Barbara ROMAGNAN, conseillère Générale du Doubs pour cet article

 

 A propos du cumul des mandats, le débat engagé entre les sénateurs socialistes et Martine Aubry semble opposer efficacité électorale et exemplarité morale. Il arrive quelques mois après que les militants socialistes ont débattu, puis voté à 71% l’application de la règle du cumul à partir de 2011. Au moment de ce vote, le 1er octobre 2009, le calendrier des élections cantonales et sénatoriales de 2011 était connu, comme la perspective d’un éventuel basculement à gauche du Sénat. Tous ont voté en connaissance de cause.

 

  Or, à quelques semaines de la convention nationale sur la modernisation du Parti socialiste, les sénateurs semblent vouloir revenir sur ce choix. Leur argument est fort : s’appliquer de façon unilatérale la règle du non-cumul lors de cette échéance interdirait à la gauche la possibilité d’une conquête «historique» du Sénat [...]

Le Sénat étant l’expression des collectivités locales, pour être élu, il est donc préférable d’avoir l’expérience d’un mandat local. En revanche, une fois élu, en quoi le cumul de deux mandats dans des collectivités différentes est-il gage de compétence et d’ef ficacité ? Le travail d’un sénateur ne nécessite-t-il pas en lui-même une implication exclusive dans le cadre d’un mandat clairement identifi é ? Certes, certains «grands élus» sont en même temps de remarquables et talentueux parlementaires et d’honnêtes responsables d’exécutifs locaux. Mais n’est-il pas plus logique, sinon démocratique, de penser que deux mandats seraient mieux exercés par deux personnes  ifférentes travaillant en bonne intelligence que par une seule ?

 

En fin, l’argument traditionnel du cumul comme atout puissant de réussite électorale reste à vérifier. Cette pratique très répandue au sein du PS ne lui a pas permis jusqu’ici de revenir au pouvoir au niveau national. C’est là que l’exemplarité morale peut rejoindre l’effi cacité électorale. Que se passera-t-il si l’on repousse une fois

de plus l’application de la règle du non-cumul ? Le PS gagnera peut-être des sièges au Sénat, peut-être même pourrait-il le gagner.

 

Mais, au-delà, ce qui apparaît encore plus probable, c’est le risque que le PS perde les élections suivantes. En effet, quelle crédibilité les électeurs, et les abstentionnistes, accorderaient-ils à un parti et à des élus qui s’exonéreraient des règles qu’ils se sont eux-mêmes données, approuvées très largement par les militants et considérées comme prioritaires pour moderniser et renouveler la vie démocratique.

Comme si la parole publique et les politiques n’étaient pas déjà suffisamment décriés ! [...] Si les militants PS (dont les élus tirent leur légitimité) sont très largement opposés au cumul des mandats, ce n’est pas par ignorance ou mépris de l’effi cacité électorale,c’est parce que c’est une pratique qui n’est ni démocratique ni de gauche.

Le cumul est un empilement de pouvoirs dans les mains de quelques uns,alors que le principe de base du socialisme est le partage de ces mêmes pouvoirs. Le cumul affaiblit la participation démocratique à la vie politique et hypothèque son renouvellement [...]

La crise actuelle nous oblige dans ce domaine aussi à penser au delà du court terme des échéances électorales prochaines. Redonner du sens et du crédit à l’action politique est une priorité. Mettre en conformité les paroles et les actes est aujourd’hui, en plus d’être moralement souhaitable, peut-être politiquement efficace. Cela vaut la peine d’essayer !

  

Un Monde d'Avance 7 Juin 2010

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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