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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 10:04

Le célèbre « On ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir a suscité des commentaires enflammés après avoir été le sujet d’un exercice de l’ENEM, l’équivalent brésilien du baccalauréat.

Simone de Beauvoir fait des siennes au Brésil. Quelques lignes de la philosophe étaient au programme de l’épreuve de sciences sociales de l’ENEM, l’équivalent brésilien du baccalauréat, vendredi 24 octobre. Des lignes extraites du Deuxième sexe, incluant sa phrase la plus célèbre : « On ne naît pas femme, on le devient ».

Le sujet a suscité des commentaires enflammés. Beaucoup se sont réjouies de retrouver les idées de Simone de Beauvoir dans ce contexte.

Mais d’autres n’ont pas apprécié cette référence féministe, au point par exemple de chercher à saccager la page Wikipédia consacrée à la philosophe. Le débat est même devenu politique quand deux députés, il est vrai adeptes de la controverse, s’en sont mêlés.

Marcos Feliciano, député et pasteur qui s’est déjà fait remarquer pour son homophobie, dénonçait en Simone de Beauvoir une propagatrice de la « théorie du genre ». Une « femme polémique » dont le discours « dénigre les femmes en les comparant à des eunuques et en créant un flou entre homme et femme ».

Alors que le Parti des travailleurs (PT) de la présidente Dilma Roussef est empêtré dans des affaires de corruption, un autre député d’opposition Jair Bolsonaro, n’hésitait pas à écrire sur sa page Facebook : « Au moins aussi grave que la corruption, il y a cet endoctrinement imposé par le PT à notre jeunesse. » C’est ce même député qui avait lancé en 2014 à une élue : « Je ne te violerai pas. Tu ne le mérites même pas. »

Le ministre de l’Education Aloizio Mercadante a tenu à répondre pour saluer la « grande contribution » de Simone de Beauvoir à la condition des femmes. Mais ce n’était pas là le seul débat. Deux jours plus tard une autre épreuve – de rédaction – de l’ENEM posait la question de « la persistance des violences contre les femmes dans la société brésilienne ».

Un thème là encore vivement commenté sur les réseaux sociaux, avec plus de 6000 commentaires rien que sur la page Facebook du ministère de l’Education. La plupart pour se féliciter de ce choix, mais d’autres aussi aux accents masculinistes, déniant la spécificité des violences de genre.

Le Tumblr Machistinhadoenem (« les petits machistes du ENEM »), créé pour l’occasion, a compilé des dizaines et des dizaines de réactions. Le Brésil, où chaque jour cinq femmes seraient tuées à leur domicile, a fait entrer le féminicide dans son droit au printemps dernier.

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Danièle Soubeyrand-Géry - dans informations