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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 13:42

 


09/10/2012 à 19h:53 | AFP
Diminuer la taille du texteMali: Algérie et Niger en accord contre le 'terrorisme', selon un ministre algérien
Mali: Algérie et Niger en accord contre le "terrorisme", selon un ministre algérien © AFP

L'Algérie et le Niger ont une "convergence de vues totale" sur la nécessité de lutter contre le "terrorisme" dans le Sahel, en particulier dans le nord du Mali contrôlé par des islamistes armés, a déclaré mardi à Niamey un ministre algérien.

Au terme d'une mini-tournée qui l'a conduit depuis dimanche en Mauritanie et au Mali, le ministre algérien des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a été reçu pendant environ deux heures par le président nigérien Mahamadou Issoufou, dont le pays est l'un des plus concernés par la crise chez son voisin malien.

"Il y a une convergence de vues totale sur la menace (. . . ). Sur la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, il n'y a pas d'équivoque, c'est un objectif de nos pays mais aussi de la communauté internationale", a déclaré M. Messahel devant la presse, se félicitant que les deux pays coopèrent "très bien".

"Sur les questions internes propres au Mali, nous concevons en Algérie qu'il est important que les groupes armés maliens qui se trouvent au nord doivent faire des choix pour se démarquer définitivement de tout ce qui est relations avec le terrorisme et le crime organisé, et s'incrire dans une logique nationale de (respect de) l'intégrité territoriale du Mali pour la prise en charge des problèmes qui se posent aux populations du nord", a-t-il souligné.

"L'intégrité territoriale du Mali n'est pas négociable. Les solutions politiques propres au Mali sont à encourager en vue des négociations, mais pour le crime organisé et le terrorisme qui est la menace pour nos pays, je crois qu'il n'y pas de place pour les négociations", a réaffirmé le ministre, accompagné notamment de responsables de l'appareil sécuritaire algérien.

Le Niger fait partie des pays qui devraient envoyer des troupes dans le cadre d'une intervention armée que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) envisage dans le nord du Mali pour en déloger, avec un soutien occidental, les islamistes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) occupant la zone depuis plus de six mois.

L'Algérie, qui possède l'armée la plus puissante de la région, a fait savoir qu'elle n'enverrait pas de troupes au Mali.

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 06:34
Conditions de détention «inadmissibles» à Nouméa
5 octobre 2012 à 11:01
Christiane Taubira, le 24 septembre 2011 à Montpellier
Christiane Taubira, le 24 septembre 2011 à Montpellier (AFP)

La mission envoyée par le ministère de la Justice en Nouvelle-Calédonie a constaté l'ampleur de la tâche en vue d'une mise en conformité de la prison de Camp Est.

Les conditions de détention à la prison de Nouvelle-Calédonie ont été jugées «inadmissibles» par les membres de la mission envoyée sur place par la garde des Sceaux Christiane Taubira, pour proposer des pistes d’amélioration du sort des détenus, ont-ils déclaré vendredi à Nouméa. Conduite par Mireille Imbert-Quaretta, conseillère d’Etat, la mission a séjourné une semaine dans l’archipel et a rencontré près d’une centaine de personnes dont des détenus de cette prison, qui s’y entassent à plus de 400 pour 226 places.

Mireille Imbert-Quaretta était accompagnée de Frédéric Desportes, avocat général à la Cour de cassation, et de Laurent Ridel, directeur interrégional des services pénitentiaires. «Les conditions sont absolument inadmissibles. A la maison d’arrêt, il y a six détenus dans des cellules de 11 mètres carrés. Celui qui est en haut dans les lits superposés n’a que 50 centimètres au-dessus de la tête et ne peut même pas s’asseoir», a-t-elle déclaré à la presse.

La prison de Nouméa, appelée Camp Est, a été récemment le théâtre de deux débuts de mutinerie, tandis que l’insalubrité et la surpopulation dans ces bâtiments, qui datent du bagne, sont dénoncées depuis de nombreuses années par les organisations de défense des droits de l’homme. En juillet dernier, l’Etat a été condamné à indemniser une trentaine de détenus pour «conditions de détention indignes» et plusieurs dizaines d’autres dossiers sont en cours d’examen.

«Notre mission a été très positive et tous nos interlocuteurs lui ont montré de l’interêt», a également indiqué Mireille Imbert-Quaretta. Elle a en outre indiqué que la priorité des détenus, avec lesquels elle s'était entretenue, était la réinsertion alors qu’aucune formation diplômante n’est actuellement dispensée au Camp Est. Ce domaine est de la compétence du gouvernement local.

Le 15 novembre, la mission rendra son rapport à la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Elle devrait proposer de construire sur le site du Camp Est, ou sur un autre lieu, un nouvel établissement pénitentiaire ainsi que des améliorations à la coordination de tous les services, qui prennent en charge les détenus. D’ici là, le programme de rénovation du Camp Est sera poursuivi, la construction d’une nouvelle prison nécessitant entre huit et dix ans.

 

Libération

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 05:11
Article des Echos du 25 septembre 2012

A la veille de la remise du rapport sur la RGPP, la ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique déclare aux «Echos» que sa «priorité est de renouer le dialogue social car on ne peut pas réformer l'action publique sans les fonctionnaires». Elle se dit «favorable au recours à un fonds d'urgence » pour les départements, mais prévient que «les collectivités seront associées à l'effort de redressement des comptes en 2014 et 2015».

Réforme de l'Etat, nouvelle étape de la décentralisation, définition d'une action publique « plus lisible, plus efficace et moins coûteuse » comme l'affirmait en juillet le gouvernement... La remise, mardi soir, au Premier ministre et à Marylise Lebranchu du rapport sur la Révision générale des politiques publiques (RGPP) donne le coup d'envoi de discussions qui s'annoncent serrées. Toute la difficulté pour la ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique est qu'elle doit attendre que se déroulent, au Sénat les 4 et 5 octobre, les Etats généraux de la démocratie territoriale, tout en organisant le travail du séminaire gouvernemental prévu fin septembre. Certains rêvent d'y voir débattu l'octroi d'une plus grande liberté d'action aux préfets pour mieux coller aux besoins du terrain. D'autres veulent en profiter pour réduire le rôle de l'administration d'Etat pour donner plus de latitudes aux pouvoirs locaux. Les volets transport et énergie, où il est question de donner plus de pouvoirs de décision aux régions, promettent aussi d'âpres débats. Une chose est sûre : les délais sont serrés, le projet de loi devant être discuté en janvier puis voté au printemps.

Le rapport sur le bilan de la RGPP est remis mardi. Quelles sont ses conclusions ?

La RGPP a été avant tout un tract politique flattant la démagogie anti-fonctionnaires. Après échange avec les rapporteurs, il ressort que pour eux, la RGPP a été un fourre-tout, un recyclage de décisions anciennes. Personne ne remet en cause la nécessité de réformer les politiques publiques mais le travail a été faussé par une approche idéologique et menée sans concertation. Ma priorité est de renouer le dialogue social car on ne peut pas réformer l'action publique sans les fonctionnaires. Le précédent gouvernement a déformé l'Etat. Nous allons le reformer autour d'une conviction partagée avec Jean-Marc Ayrault : il n'y a pas d'action publique sans Etat fort.

Mais l'Etat n'assume-t-il pas trop de missions ?

L'enjeu, c'est l'action publique, les missions qui en découlent et la meilleure organisation pour la conduire. Plus la crise est forte, plus le besoin de services publics est fort. Ce n'est pas un « cadeau » aux citoyens mais un droit et le filet de sécurité de ceux qui sont fragilisés par la crise. Nous devons redire que le service public, c'est une présence, une écoute et une compétence disponibles sur tout le territoire.

Pourquoi mener de front décentralisation et réforme de l'Etat ?

Nous voulons un seul texte de loi. Il est écrit, il est prêt. Son but : organiser le « qui fait quoi » pour une meilleure efficacité de l'action publique. Il y aura des transferts de compétence qui s'appliqueront uniformément sur le territoire. Les collectivités qui le souhaiteront expérimenteront en outre leurs propres transferts : un département pourra, par exemple, confier aux intercommunalités la mission de promouvoir le tourisme. Mais il devra alors, pour rationaliser, fermer son comité départemental.

Nous allons créer de nouveaux outils de gouvernance : les conférence territoriales des compétences viendront clarifier sur le terrain le rôle de chacun et le Haut conseil des territoires permettra à l'Etat et aux collectivités de discuter de l'action publique, son organisation, son efficacité et son financement. L'acte trois de la décentralisation conduira probablement à des transferts d'effectifs mais sans tomber dans l'excès : nous ne reproduirons pas l'erreur commise avec les techniciens et ouvriers de service en 2004.

Cela veut dire que les effectifs de l'Etat vont diminuer ?

Encore une fois, il s'agit d'affecter les moyens sur les missions prioritaires. Mais nous ne nous interdisons pas de créer des postes là où il y a des manques flagrants. Je pense notamment aux corps de contrôle. Certains abattoirs, par exemple, sont quasiment en auto contrôle, ce dont on ne peut pas se satisfaire.

Faut-il demander aux collectivités locales de faire des économies ?

Je me bats pour faire passer l'idée que 1 point de dépense publique, c'est 0,5 point de croissance. Et les services non marchands représentent 4 points de croissance. Pour 2013, les dotations ont été sanctuarisées afin de préserver l'investissement public et la croissance liée. Ensuite, les collectivités seront associées à l'effort de redressement des comptes publics pour les années 2014 et 2015, sauf retour à meilleure fortune. Cet effort sera mesuré par rapport à celui de l'Etat. Nous voulons leur laisser le temps et discuter largement les modalités d'une telle orientation.

Dans l'immédiat, une trentaine de départements sont en difficulté. Comment les aider ?

Je suis favorable au recours à un fonds d'urgence car je ne vois pas ce que l'on gagnera collectivement à avoir des départements dans le rouge. Il ne peut pas y avoir de développement économique sans cohésion sociale de qualité. Or la cohésion sociale est LE métier des départements. Mais ce geste ne serait pas lié au projet de loi sur la décentralisation.

Et pour l'avenir ?

Une réforme fiscale locale est prévue. Elle doit se faire dans le cadre du pacte de confiance et de solidarité entre l'Etat et les collectivités. Les régions ont quasiment perdu tout pouvoir de décision sur l'évolution des taux. Elles doivent retrouver plus d'autonomie. Les départements ont besoin d'une assiette dynamique car les droits de mutation sont beaucoup trop cycliques. Ils demandent à toucher un pourcentage de la CSG pour financer l'aide sociale. Cela peut être une piste. Il y a aussi la question des droits de mutation à titre gracieux, pour lesquels nous devons revenir à quelque chose de plus juste.

Le financement des collectivités est lui aussi déséquilibré...

Elles ont besoin de 18 milliards d'euros de prêts par an. Le projet de future banque publique des territoires, sous la conduite de la Banque postale et de la Caisse des Dépôts, est actuellement ralenti par les négociations avec la Commission européenne. Je suis favorable à la création de l'Agence de financement des collectivités, mais à une condition, qu'il n'y ait aucune mise en cause de la responsabilité de l'Etat par l'intermédiaire d'un établissement public à caractère industriel et commercial destiné à garantir les prêts des collectivités. Une solution serait de revoir le projet en intégrant une structure à statut mutualiste en lieu et place de l'EPIC.

Que proposez-vous sur le dossier des emprunts toxiques ?

Il doit être suivi au niveau national. Je constate que la médiation, en son état actuel, ne fonctionne pas. Les outils et les missions de la cellule de suivi doivent être renforcés.

La RGPP s'est aussi appuyée sur des délégations de services publics à des opérateurs privés. Allez-vous revenir dessus ?

Le précédent gouvernement est parti du principe qu'une mission confiée au privé est forcément mieux faite et revient moins cher. C'est faux. On peut s'interroger sur certains retours en régie mais il est compliqué de revenir sur des contrats passés.

Le point d'indice sera-t-il de nouveau gelé en 2013 ?

Pas forcément. L'enveloppe dédiée aux rémunérations est gelée mais on peut faire des arbitrages en son sein. Aucun sujet n'est tabou et je sais que l'attente des agents est forte mais il faudra être réaliste et sortir du débat sur le seul point. Nous ouvrirons le 9 octobre une vaste concertation sur les carrières, les parcours professionnels et les rémunérations.

Les grilles salariales se sont tassées avec les hausses du SMIC. Vont-elles être revues ?

Je suis résolue à rééchelonner les grilles. C'est un travail fastidieux, qui prendra plusieurs années, mais indispensable.Il faut redonner aux agents des catégories B et C, l'espoir d'une progression salariale juste, digne de ce nom, au cours de leur carrière.

Allez-vous poursuivre la politique de rémunération au mérite ?

Surtout pas. C'est une politique qui achetait le silence des fonctionnaires sur les suppressions de poste par des primes dites de performance. Cette approche, déguisée en bonne intention, était une hypocrisie puisque les primes étaient dérisoires et la baisse de la qualité des conditions de travail, bien réelle. Les agents y ont perdu sur toute la ligne.

Les agents des finances sont vent debout contre les suppressions de postes. Que leur répondez-vous ?

En cette période de crise d'une gravité exceptionnelle, la France a élu un président et a validé ses priorités : l'école, la justice, la police et Pôle emploi. Ces efforts sont justes et je les assume totalement.

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 10:00


Publié le 25 septembre 2012 par Égalité

S’il fallait définir le théâtre de Marine Bachelot, c’est le mot « militant » qui viendrait à l’esprit. Pour cette féministe impossible d’écrire ou de mettre en scène en faisant abstraction de ses convictions.

« Mon expérience militante, les réunions tous les quinze jours puis les soirées où des amitiés ont commencé à se développer, tout ça a rapidement contaminé mon travail » explique-t-elle, se souvenant de cette marche de nuit dans les rues de Rennes, un soir d’octobre 2007 où elle a vraiment pris conscience que les femmes devaient encore se battre au quotidien pour occuper leur place dans la société.

 « Pendant dix ans, dit-elle encore, j’ai fait des recherches sur le théâtre d’intervention et j’ai toujours voulu faire du théâtre politique, engagé. Il y a donc eu une rencontre entre mon théâtre et mon engagement militant. Le féminisme est aujourd’hui un des axes principaux de mon travail ».

Ses lectures des théoriciennes du féminisme mais aussi l’actualité et l’histoire impulsent et nourrissent son écriture. D’abord à partir de lectures-débats de manifestes féministes, aujourd’hui avec des pièces qu’elle écrit et met en scène, elle a permis à tout un public non seulement de se poser des questions sur la place des femmes dans la société mais aussi de s’interroger sur sa propre place. « Dans le débat qui suit les spectacles, raconte la jeune femme, on voit des hommes qui prennent la parole pour dire : ” j’ai pris conscience que je suis à tous points de vue du côté des dominants mais qu’est-ce que je peux faire maintenant ? ” Je ne suis pas là pour apporter des solutions mais pour susciter les discussions ».

Ainsi en 2009 pour son spectacle déambulatoire Histoire de femmes et de lessives qui retrace l’histoire d’une institution de rééducation pour jeunes filles, elle a libéré la parole des anciennes pensionnaires, celles qu’elle a rencontrées pour écrire la pièce mais aussi les autres venues nombreuses aux représentations.

 

 

 

L’improbable rencontre de Jésus, Angela Davis, Shérazade, Eve et Freud …

Au fil des autres spectacles – La femme, ce continent noir  en 2010,  A la racine en 2011 ou encore  La place du chien créée cet été dans la capitale bretonne – Marine continue de s’attaquer au patriarcat, « ennemi du féminisme » et aux violences de toutes sortes qui découlent, pour elle, d’un même système de domination. Elle revendique de pouvoir le faire parfois avec humour comme lorsqu’elle imagine l’improbable rencontre de Jésus, Angela Davis, Shérazade, Eve et Freud …

Au sein du collectif rennais Lumière d’Août, elle a su apporter une nouvelle façon d’envisager la création. «Le féminisme devient, dit-elle, un matériau commun de réflexion même si ce n’est pas sans heurt. Chacun doit faire son cheminement à son rythme, parfois les discussions partent en vrille. Mais les choses les plus radicales, quand elles sont intégrées dans un spectacle, passent beaucoup mieux ».

Autre expérience en marge des spectacles, Marine a prêté son concours à un travail réalisé par une compagnie de danse – Danse à tous les étages – auprès de femmes éloignées du monde du travail. Leurs fragilités psychologiques, leurs relations difficiles avec des conjoints parfois violents ont été réinvesties dans un spectacle qui a conduit certaines à des actes décisifs dans leur vie personnelle.

« Le théâtre militant, conclut Marine Bachelot, a aussi cette fonction de nous réchauffer, de trouver collectivement une nouvelle énergie ». Une utilité sociale en quelque sorte que la jeune femme revendique pleinement, heureuse dit-elle « de se sentir utile » dans ce combat.

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 23:21
 Le Monde

Vous trouverez en cliquant sur ce lien et ci-après une tribune de Dominique Sopo, ancien président de SOS Racisme, publiée dans le Monde.

Pour le plus grand malheur des Syriens exterminés par le régime de Bachar El Assad, l'actualité mondiale de ces derniers jours a été marquée par un film raciste intitulé "Innocence of Islam" qui a servi de base à une manipulation grossière par des intégristes musulmans.

Le racisme de ce film ne tient pas à sa représentation de Mahomet et donc à son aspect blasphématoire du point de vue des textes que les musulmans tiennent pour sacrés. Il ne tient pas non plus au fait qu'il critiquerait l'Islam, la critique de la religion constituant un droit indissociable à toute émergence d'un espace démocratique, nous y reviendrons. L'aspect raciste du film tient au fait, en parfaite cohérence avec la pensée de l'auteur de cet objet, qu'il vise très clairement à faire de tout musulman un danger pour la liberté et la civilisation, Mahomet ne tenant ici que le rôle de prétexte à l'expression de cette haine.

Comme en un sinistre jeu de miroir, des groupes intégristes musulmans ont sauté sur l'occasion pour nourrir le feu de la haine, déclenchant une vague de manifestations antioccidentales et plus spécifiquement tournées contre le très fantasmé axe américano-sioniste. On remarquera d'ailleurs avec quelle rapidité l'information, que l'on sait depuis fausse, de la nationalité israélienne de l'auteur du film incriminé et du financement de ce dernier par des "juifs riches" a été tenue pour un fait qu'il était plaisant de penser exact. Il est à se demander par quel étrange manquement les francs-maçons ne se sont pas retrouvés impliqués dans ce vaste complot anti-Islam mis à jour par des groupes extrémistes dont la malhonnêteté n'a d'égale que la violence de leur obscurantisme crasse.

Dans la séquence de ces derniers jours, deux haines étaient à dénoncer : le racisme et l'intégrisme. C'est pourquoi la réaction des pouvoirs publics français visant à "désapprouver" la publication de caricatures de Charlie Hebdo sur ce sujet est pour le moins inappropriée. La mécanique de l'argumentation est parfaitement huilée et avait d'ailleurs déjà été employée par Jacques Chirac, alors président de la République, au moment de l'affaire des caricatures de Mahomet en 2006 : bien que la France soit un pays respectant la liberté de la presse, il ne fallait pas mettre de l'huile sur le feu par d'inutiles provocations. A cette époque, le proces qui avait été intenté à Charlie Hebdo pour incitation à la haine avait amené François Hollande parmi d'autres à venir témoigner en faveur de l'hebdomadaire satirique sur une ligne de fermeté face aux attaques contre la liberté d'expression.

La position était juste et renvoyait à ce que les différents témoins "pro Charlie Hebdo", dont moi-même en tant que président de SOS Racisme, tenaient comme des évidences.

Tout d'abord qu'il ne fallait pas céder aux tentatives d'intimidations de la part des groupes intégristes, à l'instar de ce qu'avait été la réaction en 1989 lorsque l'imam Khomeyni lança une fatwa contre Salman Rishdie suite à la publication des Versets sataniques.

Ensuite qu'il fallait répéter inlassablement que la démocratie est indissociable du droit au blasphème puisque s'interdire de blasphémer, c'est interdire la remise en cause des dogmes tenus pour sacrés par les croyants de telle ou telle religion et donc interdire que les sociétés soient régulées par des lois issues de la discussion libre et rationnelle.

Les intégrismes ne défendent jamais le vivre ensemble, même lorsqu'ils se parent des habits de la lutte contre le racisme dont leurs coreligionnaires seraient les victimes. Il est d'ailleurs significatif de remarquer avec quelle constance les réseaux intégristes s'en prennent à Charlie Hebdo, hebdomadaire dont il est utile de rappeler qu'il fut de tous les combats antiracistes (contre les tests ADN, contre le débat sur l'identité nationale, contre la stigmatisation des musulmans, des étrangers, des enfants d'immigrés, des roms et des gens du voyage par le pouvoir sarkozyste, contre l'extension de la déchéance de la nationalité, pour le droit de vote des étrangers,...). Il est tout aussi significatif de constater que ces réseaux ne défendent que très rarement les musulmans lorsque ceux-ci sont pris pour cibles dans la parole publique, à travers des agressions ou du fait des discriminations.

A la vérité, les réseaux intégristes ne s'intéressent pas au bien-être des musulmans mais ne visent qu'à instaurer un monde théocratique dans lequel ils détiendraient seuls la légitimité de la mise en œuvre pertinente de la parole divine. Tout au contraire du vivre-ensemble, le carburant de l'intégrisme, tout comme le carburant du racisme, est la désignation de l'Autre, du bouc-émissaire, de celui qu'il faut détruire dans le délire d'une purification sans fin.

D'ailleurs, les intégristes qui se sont illustrés ces derniers jours n'ont-ils pas besoin que leurs coreligionnaires soient haïs du reste du monde pour ensuite mieux les enjoindre à accepter une solution d'enfermement doctrinaire ? C'est au demeurant le résultat le plus évident de leurs actes dont on remarquera qu'ils sont complaisamment présentés – facilité de l'amalgame et des explications globalisantes - comme l'expression de la "rue arabe" par maints médias, alors même que les groupes agissants étaient finalement assez circonscrits, se réduisant à chaque fois à des manifestations de quelques centaines de personnes.

Dans un monde marqué par la crise économique, par les gigantesques convulsions politiques nées de la lutte entre l'espoir démocratique et les régimes autoritaires ainsi que par la redéfinition de la hiérarchie des puissances, la tentation du populisme, de la recherche névrotique des racines et de l'instauration d'une prétendue pureté sont des maux que seule la fermeté de l'expression politique du camp démocratique et laïque permettra de combattre. Sans haine mais avec détermination.

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 08:32

 


Niamey 22 août Tahirou IRD La crue annuelle estivale du Niger prend des dimensions dramatiques dans la région de Niamey.

Dans la capitale du Niger et ses alentours, on dénombre plus de 340.000 sinistrés, près de 50 morts et d'importants dégâts matériels.

(photo Niamey, aout 2012 ©IRD - Amadou, Tahirou)

Une équipe de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) vient de publier une étude (dans Global and Planetary Change) qui montre que la transformation des sols par une pression anthropique croissante joue un rôle important dans la vulnérabilité de la région à la montée des eaux.  Niger

Chaque année, la mousson provoque une crue du fleuve Niger dans le pays du même nom, durant l'été. Une crue provoquée par les pluies locales - il faut donc la distinguer de celle qui survient entre novembre et mars en raison des pluies tombant sur les montagnes de Guinée, là où le fleuve prend sa source (carte ci-contre). Ces pluies "locales" - en réalité sur une large surface au Niger et au Burkina Faso - alimentent directement le fleuve et ses affluents par ruissellement sur le sol. Or, c'est ce sol que la pression des hommes, beaucoup plus nombreux dans la région qu'il y a un demi-siècle, a considérablement transformé. Au seul Niger, les habitants sont passés de 3,2 millions de personnes en 1960 à 15,5 millions en 2010, soit une augmentation d’environ 385 %.

Plus nombreux, mais avec une agriculture aux rendements à l'hectare peu différents, les paysans ont étendu considérablement les surfaces cultivées, vers les pentes et les plateaux, et non seulement dans les vallées et bas-fonds et diminué les périodes de jachère. Du coup, les forêts ont fait place à des sols cultivés, voire nus, un scénario agravé par les sécheresses des années 1970 et 1980. Même si une amélioration climatique se fait sentir par rapport à ces deux décennies, le recul du couvert forestier demeure massif.

Or, montre cette étude (de Luc Descroix et Pierre Genthon, Okechukwu Amogu, Jean-Louis Rajot , Daniel Sighomnou et Michel Vauclin) cette évolution a provoqué un fort encroûtement des surfaces, qui favorise le ruissellement vers les rivières et le fleuve, gène l'infiltration dans le sol des eaux de pluies, et, in fine, grossit les crues et les inondations. C'est ce qui s'est passé cette année, comme l'an dernier. Une bonne mousson, indispensable aux cultures vivrières, peut donc se transformer en désastre autour du fleuve à cause de cette transformation du paysage.

J'ai déjà traité de ce phénomène dans Libération, sous un autre angle. Lire ici un article de 2008, où l'on pouvait lire ceci sur une étude de Guillaume Favreau, un autre chercheur de l'IRD : «Se concentrant sur une vaste zone de 500km² au Niger, près de Niamey, il en a reconstitué les évolutions en détail, et montré que la déforestation atteint 80% de cette zone. Cette étude aux conclusions importantes est une première car elle a permis une «approche intégrant l’évolution du couvert végétal mesuré par photos aériennes depuis 1950, celle du système hydrogéologique, du ruissellement de surface aux ressources en eau souterraine», explique le scientifique. Le tout adossé à une compilation des travaux antérieurs sur l’ensemble du Sahel.

Leçons ? D’abord, une meilleure compréhension des mécanismes de la «désertification», un processus où se mêlent l’action de la nature (avec une pluviométrie revenue presque à son niveau moyen après les sécheresses des années 70 et 80) et celle des hommes. Les paysans sahéliens ont fait face à l’explosion démographique en déforestant les pentes et plateaux pour y cultiver des céréales. Cette action a bouleversé le régime hydrogéologique. Le ruissellement s’est accéléré, des ravines profondes se creusant dans les pentes. Les plateaux et pentes se sont asséchés, les bas-fonds se sont couverts de mares temporaires durant la saison des pluies… et la nappe phréatique s’est remplie. Au final, une dégradation des sols.

«Ce processus n’est pas uniforme sur tout le Sahel, souligne toutefois Guillaume Favreau. Le début de la déforestation varie du début du XXe siècle à aujourd’hui. Les densités de population sont très diverses. Et les sols –sablonneux ou pierreux– n’ont pas réagi partout de la même façon.» Cette diversité de situations explique la grande disparité des informations rapportées ces dernières années sur le Sahel, parmi lesquelles figure l’annonce de son «reverdissement». Il n’en reste pas moins que le processus décrit par l’étude de Guillaume Favreau concerne de vastes régions, ce qui conduit l’expert de l’IRD à proposer des actions d’urgence. S’il faut populariser des techniques agricoles plus efficaces (travail du sol, irrigation, engrais, amélioration des semences…), il faut aussi les accompagner d’un grand programme de «reboisement des parties amonts des bassins versants, plateaux et pentes», estime-t-il. Sinon, l’érosion des sols et la perte de fertilité continueront

Dans Libération également, un reportage réalisé en 2003 mais qui montrait déjà ce processus en cours (en trois pages pdf, ici , ici et .)



Par Sylvestre Huet, le 19 septembre 2012

 
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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 12:40

 

Le mensuel Lyon Capitale publie un dossier dans son numéro de septembre sur le cumul des mandats de certains élus de l’agglomération, comprenant un encart sur les montants -supposés– des indemnités touchées par ces derniers. Sur un sujet aussi brûlant d’actualité, on aurait pu espérer un peu plus de rigueur de la part du mensuel. Je découvre donc que je suis supposée toucher 12 571 euros par mois au titre de mon mandat de Députée européenne et de celui d’Adjointe au Maire. Ce chiffre est parfaitement fantaisiste. J’aurais été ravie de donner les vrais chiffres à l’équipe de Lyon Capitale si j’avais été sollicitée, mais comme cela n’a pas été le cas, je vais donc le faire ici, en toute transparence.

L’indemnité des députés européens est de 7 956,87 € bruts. Je suis soumise à l’impôt sur le revenu communautaire, prélevé à la source et d’un montant d’environ 1 500 € mensuels. Une fois cet impôt et les autres prélèvements soustraits, je reçois par mois une indemnité nette d’environ 6 200 €.

Comment Lyon Capitale obtient-il ses chiffres ? Peut-être en additionnant le montant brut de l’indemnité avec ce qu’on appelle l’enveloppe de frais généraux, d’un montant mensuel de 4 299 €. Sauf que cet argent sert par exemple à payer le loyer de ma permanence parlementaire, ainsi que les fluides (eau, gaz, électricité), les frais d’abonnements téléphoniques, dont les portables, le matériel informatique, les frais de déplacements pour mon équipe et moi lorsque je me déplace dans la circonscription, ainsi que toutes les dépenses liées à ma communication (affranchissement de mon journal, hébergement de mon blog). Rien donc qui puisse donc s’apparenter à un revenu. Il est vrai que l’utilisation de cette enveloppe de frais généraux ne fait l’objet d’aucun contrôle de la part du Parlement européen, ce qui autorise une certaine liberté d’utilisation par certains collègues. C’est pourquoi il serait souhaitable qu’elle soit soumise à contrôle, au minimum à la présentation de justificatifs de dépenses. Dans tous les cas, il est faux de parler d’indemnité, et très ambigu d’associer sans le préciser différentes sommes qui n’ont rien de commun dans leur nature.

Concernant mon mandat d’adjointe, je suis ce qu’on appelle « écrêtée ». Les indemnités des mandats directs sont en France plafonnées à 8 272 € bruts. Les montants supérieurs à cette somme sont redistribués à d’autres élus. L’écrêtement étant calculé sur la base des indemnités brutes, je touche donc en tant qu’Adjointe au Maire environ 285 € par mois. Ce qui nous amène à un total d’indemnité nette de 6 485 € par mois, montant sur lequel je verse une cotisation de 1 300 € mensuels à ma formation politique.

Au delà des questions de chiffres, sur le fond du débat, je trouve dommage de caricaturer la question du cumul des mandats, question importante pour notre démocratie, en la réduisant à une cabale du type « regardez tout l’argent que vos élus se mettent dans les poches ». D’autant plus quand les calculs faits sont aussi farfelus, oubliant au passage les indemnités et les fonctions cumulées au titre des mandats dans les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) et les divers organismes comme les syndicats mixtes, SEM, etc…. Ce cumul des fonctions reste une grande zone d’ombre du débat actuel sur la question. Devra également être étudiée, lors du vote de la loi sur le non cumul, engagement de François Hollande, la question maintes fois évoquée du statut de l’élu, dont personne pour l’instant ne sait donner de contenu précis.

Nous devons progresser en direction du non cumul et respecter nos engagements, pris non seulement devant les militants du Parti Socialiste, mais devant les Français lors de la campagne présidentielle. Le non-cumul est un élément important pour renouveler, rajeunir et féminiser notre classe politique, pour améliorer l’engagement et la disponibilité des élus et donc contribuer à une meilleure confiance entre les citoyens et leurs représentants. Je m’y conformerai évidemment dès la loi votée et avant si cela est souhaité et possible au sein de l’équipe municipale. Cette réorganisation devra faire l’objet d’une réflexion collective au sein de l’exécutif, réflexion qui est loin d’être insurmontable.

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 12:33

 

Publié le 5 septembre 2012 par groupe socialiste

 Les rencontres nationales des Etats généraux de la démocratie territoriale, organisées par le Président du Sénat, Jean-Pierre BEL, auront lieu les 4 et 5 octobre 2012 à Paris. D’ici là, nous publierons différents points de vue, qui n’engagent bien évidemment que leurs auteurs, sur ce que pourrait être le prochain acte de la décentralisation. Nous commençons aujourd’hui avec la tribune d’Eric GIUILY, ancien conseiller technique de Gaston DEFFERRE (Ministre de l’intérieur et de la décentralisation en 1982). 

Les grandes orientations stratégiques dans le domaine de l’administration territoriale de notre pays restent encore à définir. Le Gouvernement devra s’y atteler rapidement, pour plusieurs raisons.

La première d’entre elles est la loi du 16 décembre 2010, qui prévoyait notamment la mise en place du Conseiller territorial. François HOLLANDE s’est clairement prononcé en faveur de l’abrogation de cette disposition, en préconisant un retour au mode de scrutin préexistant pour les conseils régionaux, et un nouveau mode de scrutin pour les conseils généraux. Cependant, il n’a pas véritablement pris position sur les autres mesures relatives aux plans de développement de l’intercommunalité et aux règles de répartition des compétences entre Départements et Régions.

De manière plus globale, l’Exécutif puis le Parlement ne pourront s’affranchir d’une réflexion profonde et globale sur l’organisation et le rôle de chaque niveau de collectivité territoriale, de celui de l’Etat, de leurs compétences et de leurs relations. La gouvernance territoriale actuelle est arrivée à un tel niveau de complexité, de superposition, d’enchevêtrement que son rapport coût-efficacité s’est progressivement dégradé. Dans le contexte actuel, seules de profondes réformes structurelles, comme la redéfinition complète de la gouvernance territoriale, lui permettront de faire des économies tout en maintenant une qualité de service équivalente.

Le Gouvernement devra commencer par s’interroger sur l’Etat. Pris en étau entre l’Union Européenne et les collectivités territoriales, l’Etat n’a plus de vision claire de son rôle. A l’évidence, il faut aujourd’hui le ramener à ses principes fondateurs : l’exercice des fonctions régaliennes, et laisser le soin aux collectivités territoriales de mettre en oeuvre les politiques locales de développement et d’aménagement. En conséquence, les transferts de compétences vers les collectivités locales devront être élargis, les administrations centrales de l’Etat réduites, et les services déconcentrés renforcés.

Au niveau de la gouvernance des collectivités territoriales, le sujet, notamment celui de l’avenir des départements, est particulièrement sensible. A mon sens, il est impératif d’abandonner le principe de traitement uniforme des territoires. Il existe une diversité évidente entre la France rurale, la France d’Outre-mer, la France des grosses ou des petites agglomérations : on ne peut les traiter de manière indifférenciée.

Dans les zones très urbanisées à faible étendue géographique, notamment dans les très grandes agglomérations, les frontières départementales n’ont plus de sens : dans ces zones, il faudrait sans doute aller vers un renforcement de l’intercommunalité, d’une part, qui prendrait à sa charge les compétences actuelles des Départements et des communes (solidarité, voirie, logement), et de la Région, d’autre part, chargée de l’activité économique, de l’innovation, de la recherche ou encore de la formation. Par contre, dans les zones faiblement urbanisées, il est sans doute pertinent de maintenir pleinement le rôle du Département comme structure proche de solidarité.

Le Gouvernement  se trouve face à un double enjeu : d’une part, agir vite, pour éviter que la réforme ne s’enlise, et, d’autre part, dégager un consensus.

Les États généraux début octobre doivent être une première étape fondatrice dans cette démarche de conception de l’acte III de la décentralisation.

Eric GIUILY, Président du cabinet de conseil CLAI

 

Lire aussi :
La décentralisation : la plus grande réforme institutionnelle

Faut-il un nouvel acte de décentralisation ? – Débat vidéo avec Eric Giuily et Jean ARTHUIS
Quelles perspectives pour la décentralisation ? – Sur le site La revue parlementaire

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 10:38
Terrorisme, crise au Mali

Modifié le 04-09-2012 à 15h57

Avatar de Mehdi Taje
Par 
Spécialiste du Sahel

LE PLUS. Le Sahel, longue bande de 4 millions de km2 comprenant notamment le Mali, le Niger et la Mauritanie, prend de plus en plus "l'allure d'une zone de non droit". Pour Mehdi Taje, spécialiste de cette région, les fondements de cette instabilité sont à chercher dans l'histoire coloniale.

Édité par Hélène Decommer   Auteur parrainé par Céline Lussato

Au Mali, des rebelles islamiques de la faction Ansar Dine, le 16 mai 2012 (Diakaridia Dembele/AP/SIPA) 

Au Mali, des rebelles islamiques de la faction Ansar Dine, le 16 mai 2012 (Diakaridia Dembele/AP/SIPA)

 

En tant que géopoliticien, je suis attaché à la rémanence historique, c’est-à-dire à la nécessité d’inscrire les événements sur le temps long de l’histoire afin de ne pas se laisser abuser par le poids du présent, du sensationnel et de la géopolitique spectacle véhiculée par certains médias.

 

Le Sahel, sous-administré et sous-défendu, est caractérisé par le développement de logiques de chaos : des espaces d’anomies émergent, risquant d’engendrer une déstabilisation durable de l’océan sahélien mais aussi, par effet induit, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, d’où l’empressement manifesté par la CEDEAO de se saisir de la crise malienne.

 

L’heure est grave, la précarité stratégique de cet espace risquant de s’étendre et de s’installer sur la longue durée. La crise est complexe, à l’image d’une équation mathématique à plusieurs inconnues. Encore faut-il en saisir tous les aspects, prendre de la hauteur et ne pas se laisser abuser par le jeu des uns et des autres. En reprenant l’interjection du Sphinx à Œdipe : "Comprends ou tu es dévoré".

 

Les lignes de fracture du Sahel

 

L’espace sahélien tourmenté, véritable polygone de crises, est travaillé par des lignes de fractures inscrites dans le temps long de l’histoire et qui continuent à produire leurs effets, et par des éléments plus récents se surajoutant et amplifiant la vulnérabilité du champ.

 

Outre l’opposition centre-périphérie, l’impact du colonialisme et d’autres, la géographie même de l’espace désertique favorise la remise en question des frontières établies par les États, l’étatisation postcoloniale de l’espace ayant bouleversé les frontières ethniques et les modes de vie traditionnels, notamment la libre mobilité des hommes et des biens, caravanes, commerce, transhumance et nomadisme. Le télescopage entre l’autorité étatique et l’autorité traditionnelle des populations nomades Touaregs, Toubous, etc. participe de l’explication du système de conflits que révèle la crise malienne.

 

Deuxième facteur, de nombreux conflits sahéliens trouvent leur origine dans la fracture Afrique blanche-Afrique noire, matérialisée par la traite d’abord islamo-arabe puis européo-coloniale, souvent renforcée par la complicité de populations noires (ethnies différentes et rivales). Lors de la décolonisation, les États regroupant administrativement des populations caractérisées par de lourds contentieux historiques, notamment les ethnies victimes de la traite, doivent assurer la cohabitation de tribus ayant participé activement au sein de l’ancien appareil négrier.

 

Second aspect de cette ligne de contact, la plupart des États situés entre les latitudes 10° Nord et 20° Nord sont caractérisés, dans leur architecture interne, par une fracture Nord-Sud qui traduit in fine, une opposition avant tout ethnique entre populations blanches, souvent arabisées, et populations noires. Au Mali, l’opposition fondamentale est avant tout celle des Blancs, Maures et Touaregs, et des ethnies africaines noires. La rébellion est nordiste et touareg. La fracture raciale Nord-Sud, ancrée dans l’histoire et à la base d’une profonde conscience ethnico-tribale, paraît difficilement conciliable avec le concept d’État-nation hérité de la décolonisation.

 

Les implications philosophiques de cette question sont lourdes de conséquences. Comment, en effet, envisager que les Touaregs, anciens dominants à l’égard des ethnies du Sud, puissent accepter la domination de ces mêmes ethnies, consacrées par le colonisateur puis par l’État malien après la décolonisation ? De véritables murs d’incompréhension, parfois de rancœur, se sont érigés dans le temps, minant le processus d’édification d’un véritable sentiment national, indispensable à l’émergence de l’État-nation.

 

Tant que cette problématique ne sera pas posée de manière claire, sans dérobade, il n’y aura guère de solution durable à la crise malienne. Rétablir la confiance entre les différents acteurs et l’apprentissage du vivre-ensemble apparaissent comme étant des priorités.

 

Restaurer les nations historiques du Sahel ?

 

Si nous poussons le raisonnement plus loin, l’exemple malien prouve que la balkanisation supplémentaire du Sahel est catastrophique si l’on tient compte de l’histoire ancienne, de la colonisation et de la décolonisation. Walvis Bay en Namibie (rétrocédée à la Namibie le 28 février 1994), l’Érythrée (27 avril 1993), le Soudan du Sud (9 juillet 2011) et maintenant l’Azawad reposent le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

 

Il est temps de mieux méditer la réponse fondamentale, la restauration des nations historiques devant prévaloir sur les entités coloniales dressées artificiellement par les métropoles dans l’intérêt des calculs impériaux de l’époque. L’Afrique doit se réapproprier sa propre destinée. Il est temps de tourner la page coloniale et d’aller vers la régionalisation bien comprise et le respect des ensembles homogènes sur la base des grandes nations historiques ayant précédé le charcutage colonial.

 

Sans innover, sans admettre des formes plus souples de territorialité transcendant les lignes de fracture et les clivages du passé, le problème touareg et d’autres ne pourront pas être surmontés sur le long terme.

 

A ces facteurs historiques se juxtaposent de nouveaux facteurs déstabilisateurs : la défaillance politique et économique des États sahéliens, incapables d’assumer les attributs de la souveraineté sur l’ensemble de leur territoire et de s’ancrer à la modernité ; la spéculation islamiste par des forces obscures qui sont loin de toute foi religieuse, encore plus de l’islam ; les sécheresses et famines amenées à s’amplifier compte tenu des effets attendus du réchauffement climatique ; la pauvreté, la précarité économique et sociale et le manque de perspective d’avenir pour toute une jeunesse désœuvrée ; l’explosion démographique (en 2040, la population sahélienne devrait doubler pour atteindre 150 millions d’habitants) ; la montée en puissance des trafics en tous genres et notamment du trafic de drogue en provenance d’Amérique latine ; l’enracinement du crime organisé ; le terrorisme incarné essentiellement par AQMI ; le jeu trouble et complexe de l’Algérie ; les rivalités et tensions entre États sahéliens ; les ingérences des puissances extérieures instrumentalisant les facteurs de tensions afin de mieux contrôler les richesses avérées et potentielles (pétrole, gaz, uranium, fer, or, cuivre, étain, etc.), enfin les effets induits de la guerre en Libye.

 

Face à cette complexité, méditons l’histoire ; elle nous livrera les clefs d’intelligibilité permettant de mieux surmonter les difficultés du présent. Si nous nous dérobons, si nous manquons de courage, elle nous écrasera !

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 23:31

 

[Clichés] . Femmes et hommes, nous sommes si différents…

Par ANGELINE MONTOYA
1 On peut prédire qu’un garçon sera homosexuel une fois adulte parce que :

A. Il joue à la poupée.

B. Il veut se mettre en jupe.

C. Il dit qu’il sera une fille quand il sera grand.

D. On ne le peut pas.

2 Les garçons réussissent mieux que les filles pour tout ce qui relève de la visualisation et de la rotation mentale en trois dimensions parce que :

A. Ils utilisent naturellement plus le côté droit du cerveau que les filles.

B. Ils mangent plus de viande qu’elles.

C. Ils sont plus incités que les filles à jouer à des jeux sur ordinateur, des jeux de construction et des jeux en extérieur, ce qui développe leurs capacités cérébrales.

D. Ils sont guidés par leur pénis.

3 Une étude anglaise a noté un épaississement des régions cérébrales qui contrôlent l’orientation dans l’espace et la mémoire spatiale chez :

A. Les femmes.

B. Les hommes.

C. Les chauffeurs de taxi.

D. Les bonobos.

4 Dans les métiers d’enseignement du secondaire, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Mais dans quelles proportions ?

A. 57% de femmes.

B. 68% de femmes.

C. 72% de femmes.

5 Les filles qui s’orientent vers le métier d’ingénieure :

A. Sont souvent lesbiennes.

B. Ont presque toujours une mère diplômée qui travaille.

C. Souvent n’ont pas de frère.

D. Ont joué aux Legos petites.

6 Comment les filles s’orientent-elles après la classe de seconde en majorité ?

A. En L.

B. En ES.

C. En S.

7 Les filles ne représentent qu’un quart des élèves de maths sup…

A. Parce qu’elles sont plus nombreuses que les garçons à échouer au bac S.

B. Pourtant, elles ont plus souvent une mention au bac S que les garçons.

C. Il est prouvé que le cerveau des filles est moins habile à manipuler les chiffres que celui des garçons.

8 Femme au volant, mort au tournant… Pour chaque kilomètre parcouru, les femmes au volant ont statistiquement :

A. 2,1 fois plus de risques d’être tuées que leurs congénères masculins.

B. 1,2 fois plus de risque.

C. 2,8 fois moins de risque.

9 Les femmes ne devraient pas sortir seules le soir dans la rue…

A. Parce que 83% des viols ont lieu la nuit dans une rue déserte.

B. Pourtant, seuls 12% des viols ont lieu dans la rue et une fois sur trois au domicile de la victime.

C. Pourtant, les hommes sont plus souvent victimes d’agressions violentes dans la rue que les femmes.

D. Pour garder les enfants.

10 En France, par rapport aux femmes, les hommes consacrent aux tâches domestiques :

A. Moitié moins de temps.

B. Un tiers moins de temps.

C. Le même temps.

Réponses : 1. d ; 2. c («A la naissance, seuls 10 % de nos neurones sont connectés. Les 90 % des connexions restantes vont se construire au gré des influences de la famille, de l’éducation, de la culture, de la société» : Catherine Vidal, neurobiologiste) ; 3. c (Eleanor Maguire et al. : les capacités cérébrales dépendent de l’apprentissage et de l’expérience et peuvent se modifier tout au long de la vie) ; 4. a ; 5. b et c (Catherine Marry et Isabelle Lasvergnas) ; 6. c ; 7. b ; 8. c ; 9. b et c (70 % des femmes violées connaissaient leur agresseur. Insee) ; 10. a (le temps qu’ils leur consacrent n’a pas évolué en vingt-cinq ans. Insee).

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